Cousine salope
J'avais en mémoire le portrait d'une fillette maigre et boutonneuse. C'était dans mes souvenirs une histoire de sexe tabou, une gamine constamment plantée devant sa télé et qui ricanait pour je ne sais quelle raison chaque fois qu'elle me voyait. Aussi ne puis-je retenir un grognement dédaigneux lorsque ma mère me dit : « Ta cousine va passer deux semaines en Espagne. » A vrai dire, la rubrique des chiens écrasés me paraissait encore mille fois plus intéressante que cette nouvelle. « Tu sais, Charlotte, celle que tu n'as pas vue depuis des années . » « Justement, lâchai je. » (Tiens, un octogénaire s'était noyé à deux pas d'ici !) J'avais eu une journée fatigante et je tenais à lire mon journal. En d'autres circonstances, j'aurais vu immédiatement où elle voulait en venir. « Tu ne voulais pas aller en Espagne prochainement ? » Mon cerveau avait déjà fait tilt, ce qui ne m'empêcha pas de répondre d'un air mi-niais mi-outré : « Et alors ? » « Alors, grand malin, sa mère et moi avons pensé qu'il serait sympa que vous y alliez ensemble. Une jeune fille seule là-bas, ce n'est pas très prudent. Tu sais comment sont les hommes du Sud. Vous pourriez refaire connaissance et tu lui servirais de guide. » Je détestais les idées de ma mère et de ma tante.
Mon brillant argumentaire pour repousser leur proposition fut inutile et huit jours plus tard, je me trouvais à l'aéroport, mal rasé et décidé à soûler la gamine qui allait m'accompagner. « Grmblblblbl, déjà dix minutes de retard. » Les débuts étaient prometteurs. Elle avait dû égarer une Barbie et rater son train. En tout cas, je n'allais pas l'attendre. D'ailleurs, je n'étais même pas certain de la reconnaître. Cela m'arrangeait bien, du reste. Soudain, j'entendis une voix derrière moi. « Stéphane ? » C'était lui-même. Je me retournai mollement et ne pus sans doute pas dissimuler ma surprise. La nature peut parfois faire des miracles en quatre ou cinq ans. Les boutons avaient bien sûr disparu, elle n'était plus maigre du tout et possédait désormais une silhouette des plus agréables à regarder. Elle portait déjà une tenue adéquate pour notre destination, contrairement à moi avec mon grand manteau noir. Elle se tenait bien droite, à un mètre de moi, son sac posé à ses pieds, et me faisait un énorme sourire. « Je suis vraiment ravie de te voir. » Je lui répondis une phrase banale du même type, mais plus je la regardais et moins c'était hypocrite. Je commençais même à regretter qu'elle soit de ma famille.
Le vol fut très calme. En fait, je crois qu'elle m'a dit plein de choses, mais il devait s'agir sans doute d'histoires de famille. La conversation devint un tout petit peu plus intéressante une fois arrivés sur place. « Alors, quel est le programme ? » « Le mien est clair et tout décidé, répondis je, je vais faire ce que tous les jeunes font à Barcelone. » Nullement vexée, elle me répondit avec son éternel sourire : » Parfait, ça me va. » Elle avait donc décidé de me coller, ou alors elle n'avait pas compris le sens véritable de ma phrase. Le soir venu, je me mis sur mon trente et un. J'étais en train de me raser dans la salle de bain lorsqu'elle surgit sans même me demander l'autorisation et me pria, très aimablement, il faut bien l'avouer, de lui faire un peu de place. « Pas fatiguée ? » Non, elle était en pleine force au contraire ! Et elle se réjouissait de faire la folle en boîte. Cette nouvelle me coupa net dans mon élan. Je fis traîner les choses mais choisis tout de même une salle super branchée de style latino.
Mon début de soirée se déroula au bar. Je descendais des Martini en surveillant ma cousine, comme on me l'avait recommandé. Pour ce faire, j'étais bien obligé de la regarder. Rapidement, je me rendis compte qu'elle avait un déhanchement très intéressant. Dès qu'elle me regardait, je faisais mine de l'ignorer. Et les quelques fois où je ne fus pas assez rapide, elle me demanda pourquoi je ne dansais pas. Peu à peu, des types se mirent à l'accoster. Cela ne semblait guère l'enchanter, mais elle continuait à danser, sans cesser de sourire. Puis l'un d'eux, un peu éméché sans doute et ayant vraisemblablement trois fois l'âge de la demoiselle, la colla d'une façon très audacieuse. Je quittai mon bar et repoussai fermement le vieux pervers (ce n'était guère courageux de ma part, vu sa petite taille). Pendant qu'il m'injuriait, Charlotte me remercia. « Heureusement que tu étais là. Quel boulet ! » Je lui répondis qu'on m'avait chargé de la protéger. Elle m'embrassa furtivement sur la bouche. Pris à froid, je me dis pour me rassurer qu'elle avait dû mal viser. « Ah oui ? Comme tu fais bien ton travail ! » Une chose était sûre : Son baiser avait eu le mérite d'éloigner l'ivrogne. Je crois qu'ensuite nous avons dansé ensemble (j'avais bu beaucoup de Martini).
Sur le chemin du retour, j'avais complètement oublié l'épisode du baiser. Par contre, j'étais ravi d'avoir quelqu'un pour m'aider à rentrer car je n'étais plus en possession de tous mes moyens. Charlotte ouvrit la porte et me laissa m'effondrer dans le lit. « Je reviens dans un petit moment, dit-elle. » « Prends ton temps ! répondis je d'une fausse voix paternelle. » Deux minutes après, je fis irruption dans la salle de bain avec l'intention de me laver les dents. « Tu es résistant, me dit-elle avec un sourire malicieux. » Je fis mine de me casser la figure, ce qui l'amusa beaucoup. Il me restait en tout cas assez d'esprit pour admirer la ravissante chemise de nuit très transparente qu'elle avait revêtue. « Ça te dérange si je me douche en fait ? Comme tu es réveillé » Non, ça ne me dérangeait pas.
Pendant que je me lavais les dents et la figure, torse nu, elle ôta se chemise et commença à se savonner. Je tiens aujourd'hui encore à remercier le miroir que j'avais en face de moi ! Elle tourna la tête dans ma direction, vit que j'avais fini de me laver et que je la regardais. Cette fois, je ne fis pas semblant de regarder ailleurs. J'aurais bien voulu, mais je n'étais pas en état. Elle me dit alors une chose surprenante, en tout cas cela me laissa bouche bée. « Tu veux bien me savonner le dos ? » « Heu tu n'y arrives pas ? » « Bien sûr que si mais je préfère que ce soit toi qui me le fasses. » Ma question idiote ne lui avait pas fait perdre le sourire. Je fis ce qu'elle m'avait demandé, puis lui massai délicatement les côtés, entre ses aisselles et ses hanches. Ma main droite frôla son sein. Elle poussait de petits soupirs. Debout dans la baignoire, elle était à peine plus grand que moi. Soudain, elle se retourna et m'embrassa langoureusement. A partir de cet instant, je crois que j'ai plus rien contrôlé. Mes mains glissèrent jusqu'à sa paire de fesses à l'admirable fermeté, tandis qu'elle se jetait témérairement sur moi. Malgré mon état lamentable, je la tins fermement et reculai jusqu'au lit dans lequel je me laissai tomber, sans lui lâcher les cuisses. La furie m'ôta mes vêtements et se saisit d'un préservatif dans son sac qu'elle m'enfila elle-même. Ensuite elle s'agita comme une diablesse, tantôt allongée sur moi, tantôt redressée. La nuit ne faisait que commencer et il en fut de même pour le reste du séjour. Bien entendu, cela resta notre petit secret.
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